STOP SILENCING US.

To those friends and colleagues in theatres and cultural institutions in the West who in response to my previous open letter 'STOP KILLING US', objected to the word 'Genocide' being attributed to the name 'Israel', claiming this association of ideas undermines the debate and renders solidarity impossible, we reply with the following letter.

Genocide has clear definitions put in place following the mass murder of Jews in the Nazi Genocide. The Convention on the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide, adopted in 1948 and ratified by 149 States, describes genocide as a crime committed with intent to destroy, in whole or in part, a national, ethnic, racial or religious group. In March 2024, the United Nations released a special report on Israel's actions in Gaza, entitled “Anatomy of a Genocide”. In that report, the lead investigator states: "I find that there are reasonable grounds to believe that the threshold indicating the commission of the crime of genocide against Palestinians as a group in Gaza has been met.” 

Despite this, you refute our association of the words “genocide” and “Israel”. 

Why is this?

For you, to recognise Israel’s acts of genocide signals support for the enemies of Israel: organisations like Hamas and Hezbollah, or the Iranian regime. To associate genocide with Israel, you argue, is to fall into bed with terrorists. Edward Said argued that the intellectual must always give priority to critique, over loyalty to an ideology or a national project. For this Palestinian-American intellectual, writer and activist, criticism is a prerequisite for solidarity.

From my side, these open letters do not seek to condone the agenda of Hamas or Hezbollah, nor the theocracy in Iran. I have spent a lifetime being critical of such regimes, working against them and their equivalents through my work in theatre. Those regimes are my enemy, too.  However, to allow my moral aversion towards them to make me complicit with Israel's crimes against humanity is something I cannot condone. So, I wonder: how do you?

By allowing yourselves to do so, you place yourselves inside a false paradox: a mental labyrinth that leads to moral blindness.

Since the Holocaust, Israel has represented an ideal for you and for the West: a safe haven on earth for Jews and a beacon of democratic values in an otherwise non-secular, autocratic Middle East. It pains you to see this ideal being disfigured. This pain, in turn, blinds you to the cause of Israel's disfigurement which is Israel itself. In Germany, the United States, Great Britain and elsewhere today criticism of Israel’s behaviour is not permitted. At the same time, expression of support or solidarity for the victims of Israel's actions is criminalised. As I have understood, some of you seek to counter these anti-democratic regulations by establishing spaces within your cultural institutions in which “both sides” can be heard. Do these spaces exist? A space where a criminal cannot be named a criminal is not a ’safe’ space, especially for the victims. It is an a-critical space: a dark, morally blind and authoritarian space. By eliminating the possibility of criticism, your entire judicial, ethical and societal systems become complicit with criminals. Would you have called for a `safe space` within your institutions between European Jewish populations and Nazis during the Holocaust? 

It is difficult to admit complicity with evil. Many mental and moral gymnastics are required to feel reconciled to such a complicity. These gymnastics rely, however, on one common denominator that is to occlude and eliminate the humanity of the victims. In this logic, there is no crime against humanity, because the victims of these crimes are not truly human. They are 'collateral damage', terrorists in the making, 'human shields' or- as the Israeli Minister of Defence Yoav Gallant calls the Palestinians, "human animals". Through this process of criminalising and dehumanising an entire population, the victims of Israeli violence become unworthy of your own human sympathy and outspoken political support. 

Perhaps you are also aware that your blind support for Israel's apartheid laws and genocidal behaviour feeds the very disfigurement that you fear. You sense, perhaps, that by suspending your own moral compass, you are abandoning a very precious part of your own being: your sense of justice, your humanity. You are conscious, perhaps, that by acting in this way you are feeding the very sources of the antisemitism that you and your lawmakers try so frantically to eliminate. You place yourselves willingly inside the Minotaur’s labyrinth. Neither as Theseus, nor as the Minotaur, rather, as the spirit of the labyrinth itself: the sinuous mute lost inside its own convolutions.

You have created labyrinths to silence yourselves. We refuse your labyrinths: stop silencing us.

Sulayman Al Bassam

SABAB THEATRE

ARRETEZ DE NOUS FAIRE TAIRE.

Aux amis et collègues des théâtres et institutions culturelles occidentaux qui, en réponse à ma précédente lettre ouverte intitulée « ARRÊTEZ DE NOUS TUER », se sont opposés à ce que le mot « génocide » soit associé au nom « Israël », affirmant que cette association d'idées mine le débat et rend votre solidarité impossible, je vous réponds la lettre suivante.

La notion de génocide a été clairement définie à la suite de l’extermination systématique de Juifs en Europe. La « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide », adoptée en 1948 et ratifiée par 149 États, définit le génocide comme un crime commis dans l’intention de détruire, ou tout, ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. En mars 2024, les Nations Unies ont publié un rapport spécial sur les actions d'Israël à Gaza, intitulé « Anatomie d'un génocide », dans lequel la Rapporteuse spéciale de l’ONU a déclaré : « J'estime qu'il y a des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant la commission du crime de génocide contre les Palestiniens en tant que groupe à Gaza a été atteint ».

Malgré cela, vous continuez à nous refuser l'association des mots « génocide » et « Israël ». 

Pourquoi ?

Selon vous, reconnaître les actes de génocide d'Israël, c'est soutenir les ennemis d'Israël, à savoir les organisations comme le Hamas et le Hezbollah, ou le régime iranien. Associer le génocide à Israël, selon vous, c'est s'allier aux terroristes. Edward Saïd affirmait qu'entre la loyauté envers une idéologie ou un projet national et la critique, l'intellectuel doit toujours donner une priorité catégorique à la critique. Ainsi, pour cet intellectuel, écrivain et activiste Palestinien-Américain, la critique est une condition préalable à la solidarité.

En ce qui me concerne, ces lettres ouvertes ne cherchent pas à cautionner les actes criminels du Hamas ou du Hezbollah, ni la théocratie en Iran. J'ai passé ma vie à critiquer ces régimes, à œuvrer contre eux et leurs équivalents par le biais de ma production théâtrale : ces régimes sont également mes ennemis. Cependant, je ne peux tolérer que mon aversion morale à leur égard me rende complice des crimes d'Israël contre l'humanité. Alors, comment pouvez-vous cautionner cela pour vous-même ? 

En vous autorisant à le faire, vous vous placez volontairement dans un labyrinthe mental qui conduit à l'aveuglement moral.

Depuis l'Holocauste, Israël représente un idéal pour vous, pour l'Occident : un havre de paix sur terre pour les Juifs et un phare des valeurs démocratiques dans un Moyen-Orient autocratique et non laïque. Vous souffrez de voir cet idéal défiguré. Cette douleur, à son tour, vous rend aveugle à la cause de la défiguration d'Israël, à savoir Israël lui-même. En Allemagne, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs, il est aujourd'hui interdit de critiquer le comportement d'Israël. La solidarité envers les victimes d'Israël est criminalisée. Comme je l'ai compris, certains d'entre vous cherchent à contrer ces réglementations antidémocratiques en créant des ‘safe space’, des espaces de dialogue, au sein de vos institutions culturelles dans lesquels les « deux côtés » peuvent être entendus. Ces espaces existent-ils ? Un espace où un criminel ne peut pas être nommé criminel n'est pas un « safe space », encore moins pour les victimes. C'est un espace acritique : un espace sombre, moralement aveugle et autoritaire. En éliminant toute possibilité de critique, l'ensemble de votre système judiciaire, éthique, sociétal devient complice des criminels. Auriez-vous réclamé un tel espace au sein de vos institutions pour les populations juives européennes et les nazis pendant l'Holocauste ? 

Il est difficile d'envisager sa complicité avec le mal. De nombreuses gymnastiques mentales et morales sont nécessaires pour se réconcilier avec cela ; elles reposent cependant sur un dénominateur commun, à savoir : occulter et éliminer l'humanité des victimes. Dans cette logique, il n'y a pas de crime contre l'humanité, car les victimes de ces crimes ne sont pas vraiment humaines. Ce sont des « dommages collatéraux », des terroristes en germe, des « boucliers humains » ou, comme le ministre israélien de la défense Yoav Gallant appelle les Palestiniens, des « animaux humains ». A travers ce processus de criminalisation et de déshumanisation de toute une population, les victimes de la violence israélienne deviennent indignes de votre sympathie humaine et de votre soutien politique. 

Peut-être êtes-vous également conscient que votre soutien aveugle aux lois d'apartheid et au comportement génocidaire d'Israël alimente la défiguration même que vous craignez. Peut-être savez-vous qu'en suspendant votre propre boussole morale, vous abandonnez une partie très précieuse de votre être : votre sens de la justice et votre humanité. En agissant de la sorte, vous êtes peut-être conscients d'alimenter les sources mêmes de l'antisémitisme que vous et vos législateurs essayez si frénétiquement d'éliminer. Vous vous placez volontairement dans le labyrinthe du Minotaure. Ni en tant que Thésée, ni en tant que Minotaure. Vous êtes plutôt l'esprit du labyrinthe lui-même : le sinueux muet perdu dans ses propres circonvolutions.

Vous construisez des labyrinthes pour vous réduire au silence. Nous refusons vos labyrinthes : arrêtez de nous faire taire.

توقفوا عن إسكاتنا


إلى الأصدقاء والزملاء في المسارح والمؤسسات الثقافية في الغرب الذين اعترضوا على رسالتي المفتوحة السابقة بعنوان "توقفوا عن قتلنا"، بسبب استخدامي لكلمة "إبادة جماعية" في وصف أفعال "إسرائيل"، مدّعين أن هذا الوصف يقوّض الحوار ويجعل التضامن مستحيلاً، أبعث إليكم بالرسالة التالية.

الإبادة الجماعية لها تعريفات دقيقة وُضعت بعد المجازر النازية بحق اليهود.. تنص "اتفاقية منع جريمة الإبادة الجماعية والمعاقبة عليها"، التي اعتمدت عام 1948 ووقعتها 149 دولة، على أن الإبادة الجماعية هي جريمة تُرتكب بقصد تدمير مجموعة وطنية أو عرقية أو دينية، كلياً أو جزئياً.  في مارس 2024، أصدرت الأمم المتحدة تقريراً خاصاً عن ممارسات إسرائيل في غزة بعنوان "تشريح الإبادة الجماعية. جاء في التقرير، على لسان المحقق الرئيسي: " أرى أن هناك أسباباً معقولة تدعم الاعتقاد بأن المعايير التي تشير إلى ارتكاب جريمة الإبادة الجماعية ضد الفلسطينيين كجماعة في غزة قد تم تحققها."

ورغم ذلك، ما زلتم ترفضون ربط كلمتي "إبادة جماعية" و "إسرائيل". لماذا؟

بالنسبة لكم، فإن الاعتراف بأفعال إسرائيل كإبادة جماعية يعني الوقوف إلى جانب أعداء إسرائيل: منظمات كحماس وحزب الله، أو النظام الإيراني. تَرَون أن ربط الإبادة الجماعية بإسرائيل هو بمثابة تماهٍ مع الإرهاب. وقد أشار إدوارد سعيد إلى أن المثقف يجب أن يغلِّب النقد على الولاء لأي أيديولوجيا أو مشروع وطني. بالنسبة لهذا المثقف الفلسطيني-الأمريكي، الكاتب والناشط، يُعد النقد شرطاً أساسياً للتضامن الحقيقي.

هذه الأنظمة عدوتي أنا أيضاً، ومع ذلك، فإن السماح لرفضي الأخلاقي لها بأن يجعلني متواطئاً مع جرائم إسرائيل ضد الإنسانية هو أمر لا يمكن أن أقبله. لذا أتساءل: كيف يمكن لكم أن تفعلوا ذلك؟

بسماحكم لأنفسكم بذلك، فأنتم تضعون أنفسكم داخل مفارقة كاذبة: متاهة ذهنية تقود إلى عمى أخلاقي.

منذ المحرقة، أصبحت إسرائيل بالنسبة لكم وللغرب رمزاً: ملاذاً آمناً لليهود ومنارة للقيم الديمقراطية في شرق أوسط غير علماني واستبدادي. يؤلمكم رؤية هذا الرمز وهو يتشوه.  وهذا الألم، بدوره، يعميكم عن سبب هذا التشوه، وهو إسرائيل نفسها. في ألمانيا، الولايات المتحدة، بريطانيا وغيرها اليوم، لا يُسمح بانتقاد سلوك إسرائيل. وفي الوقت نفسه، يُجرّم التعبير عن الدعم أو التضامن مع ضحايا أفعال إسرائيل. حسب ما فهمت، يحاول بعضكم مواجهة هذه القيود المناهضة للديمقراطية بإنشاء مساحات داخل مؤسساتكم الثقافية حيث يمكن سماع "كلا الطرفين".  هل هذه المساحات موجودة فعلاً؟ المكان الذي لا يمكن فيه تسمية المجرم باسمه ليس مكاناً "آمناً"، خاصةً للضحايا. إنه مكان غير نقدي: مظلم، أعمى أخلاقياً واستبدادي. عبر إلغاء إمكانية النقد، تصبح أنظمتكم القضائية والأخلاقية والمجتمعية متواطئة مع المجرمين. هل كنتم ستطالبون بمكانٍ "آمن" داخل مؤسساتكم يجمع بين السكان اليهود الأوروبيين والنازيين إبان المحرقة؟

الاعتراف بالتواطؤ مع الشر أمر صعب يتطلب العديد من التمارين الذهنية والأخلاقية لتبرير هذا التواطؤ.  لكن هذه التمارين تعتمد، في نهاية المطاف، على عامل مشترك واحد، وهو إخفاء وإنكار إنسانية الضحايا.  في هذا المنطق، لا توجد جريمة ضد الإنسانية، لأن ضحايا هذه الجرائم ليسوا بشرًا حقًاً. إنهم مجرد "أضرار جانبية"، إرهابيون قيد التكوين، "دروع بشرية" أو – كما وصفهم وزير الدفاع الإسرائيلي يوآف غالانت–  "حيوانات بشرية".  عبر هذه العملية المتمثلة في تجريم وتجريد شعب بأكمله من إنسانيته، يصبح ضحايا العنف الإسرائيلي غير مستحقين لتعاطفكم الإنساني أو دعمكم السياسي الصريح.

ربما تدركون أيضًا أن دعمكم الأعمى لقوانين الفصل العنصري الإسرائيلي وسلوكها الإبادي يغذي التشوه الذي تخشونه. وربما تشعرون أنكم، بتعليق بوصلتكم الأخلاقية، تتخلون عن جزءٍ ثمين جداً من كيانكم: إحساسكم بالعدالة، وإنسانيتكم.  وربما تدركون أيضاً أنكم بهذه الطريقة تغذّون منابع معاداة السامية التي تسعون، أنتم والمشرعون، إلى القضاء عليها. تضعون أنفسكم طواعية داخل متاهة المينوتور، لا كـثيسيوس، ولا كالمينوتور، بل كروح المتاهة نفسها: الكائن المتلوّي والصامت، الضائع في تلافيفه.

لقد صنعتم متاهات لإسكات أنفسكم. نرفض متاهاتكم- توقفوا عن إسكاتنا.

This text was published by Mediapart, in French on 04-11-2024.

It is a second open letter to colleagues in Western theatres and cultural institutions.